Le Pranayama est le “pont” entre le yoga “externe” (postures physiques) et le yoga “interne” (méditation)
Il peut être exploré sous trois dimensions :
1) L’aspect physique
Le yogi apprend tout d’abord à:
- observé son souffle sans le modifier, notamment à saisir l’endroit d’où part et ou retourne sa respiration dans sa poitrine (pranasthana)
- puis à l’allonger en partant du rythme respiratoire naturel jusqu’à un cycle respiratoire par minute en étant confortable
- enfin à altérer le rythme de la respiration, en changeant la durée de l’inspiration et de l’expiration puis en ajoutant des rétentions respiratoires poumons pleins et poumons vides.
Tout ceci produit un certains nombre d’effets physiques notables comme une plus grande capacité respiratoire, une meilleure circulation du sang ainsi qu’une plus grande vitalité générale. Les maladies comme l’ashtme par exemple se soignent très bien par une pratique régulière du Pranayama. D’après certains neuroscientifiques, les fonctions respiratoire sont plus facilement influençables que n’importe quelle autre fonction vitale et le yogi utilise ce contrôle comme un première étape vers le contrôle de son sytème nerveux. Quand un contrôle plus important de de l’activité cortical est acompli sur une fonction comme le souffle il devient plus facile de contrôler d’autre fonctions (vasomoteur etc). Il devient donc possible de réduire la pression sangine ou les battements du coeur (voir l’étude du docteur Thérèse Brosse sur krishnamacharya en 1935 à Mysore).
2) L’aspect énergétique
La pratique du pranayama permet d’avoir des effets sur le plan énergétique, par exemple certaines pratiques permettent de concentrer le prana à certains endroit du corps et ainsi de révéler des potentialités cachés. Le travail de l’intention (bhavana pranayama) est primordial afin de pouvoir conduire le prana , il ne faut pas que la respiration reste mécanique mais qu’elle soit “habitée” par une attitude consciente (comme la joie par exemple, ou la paix) car comme le dit l’adage « l’énergie suit la pensée »
Beaucoup des soit disant « miracles » des fakirs de l’Inde on en fait leur origine dans un certain degré de maîtrise du prana. Ce qui fait souvent passer ces mêmes fakirs pour des grandes âmes vis a vis de leur dévots incrédules. A ce niveau de pratique, la compréhension théorique de la circulation de l’énergie dans le corps (doshas, koshas, nadis, chakras etc) est importante ainsi que la « supervision » d’un instructeur compétent.
3) L’aspect spirituel
Dans ses commentaires sur les Yoga sutras, Vivekananda nous dit:
“Lorsqu’on s’est assuré une posture stable, il faut dompter et maîtriser les mouvements du prana. Nous arrivons ainsi au pranayama, qui est la domination des forces vitales du corps. Le prana n’est pas le souffle, bien que ce soit ainsi qu’on le traduise généralement. C’est l’ensemble de toute l’énergie cosmique. C’est l’énergie qui est dans chaque corps, et sa manifestation la plus apparente est le mouvement des poumons. Ce mouvement est causé par le prana, qui aspire l’air, et c’est lui que nous essayons de maîtriser par le pranayama. Nous commençons par maîtriser la respiration parce que c’est le moyen le plus facile d’acquérir la maîtrise du prana”.
Lorsque le pranayam est combiné avec d’autres pratiques comme les mantras (sons), nyasa (placement du mantra sur certaines parties du corps), mudras (sceaux gestuels) et bhavana (imagination et visualisation), l’éfficacité du pranayama en est démultipliée et a une profonde influence sur le plan émotionel, mental et spirituel. Lorsque ces pratiques sont utilisés durant le pranayama afin de susciter un état méditatif, on dit alors que le pranayama est “sagarbha” (avec semence) par opposition au pranayama “agarbha” (sans semence) c‘est à dire sans mantra, bhavan et nyasa.
On considère que le sagarbha pranayama est plus efficace que le simple contrôle du souffle au niveau physique.
sagarbo mantrasahitah vigarbho mantravicyutah |
prasasto mantra sahita itarastvadhamassmrtah ||
Le pranayama effectué en recitant un mantra est appellé avec semence (sagarbha pranayama) et celui sans mantra est appellé sasn semence (vigarbha pranayama). les ecritures font l’éloges du pranayama avec mantra alors qeu le deuxième type est considéré inferieur.(1-97 Yoga Rahasya)
On peut ensuite aborder les étapes de raffinement supérieur impliquant les émotions puis le mental durant le pranayama.
kecittu saptavyaharasahitam sirsasammitam ||
gayatrimarthasahitam vyaharanti budhottamah ||
Les initiés, conseillent l’utilisation du mantra Gayatri avec la prononciation des sept plans d’existence (sapta vyahrtis) et la tête (siras) ainsi que la contemplation de la signification du mantra durant la pratique du pranayama. (1-115 Yoga Rahasya)
Stéphane Chollet
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